De l’école de peinture  «  Meisterschule Hermann Göring » à l’ « Institut de formation continue des enseignants »

L’histoire de la construction du complexe de bâtiments auquel ce mur appartient également, est associée à deux noms : celui de Werner Peiner (1897-1984) et de Hermann Göring (1893-1946). En 1931, le peintre Werner Peiner se rend à Kronenburg. Près de Burgbering, il fait aménager une maison ainsi que deux bâtiments annexes en un complexe résidentiel et en atelier où il s’installe. Nommé Professeur de peinture monumentale par l’académie des beaux-arts de Düsseldorf, Werner Peiner fonde en 1936 à Kronenburg une académie rurale (« Landakademie ») en prolongement de l’académie des beaux-arts.

(Légende de la photo :) L’académie rurale de Werner Peiner près de Burgbering, vue extérieure et intérieure.
Les dirigeants du parti national-socialiste considèrent W. Peiner comme le prototype du « peintre germanique » en raison de ses peintures représentant des paysages en lien avec la terre. À partir de 1937, Hermann Göring, ministre de l’Aviation du Reich et amateur d’art, parraine l’école de peinture de Peiner et finance la construction de la « Hermann Göring-Meisterschule für Malerei » (HGM), « L’école de peinture Hermann Göring » . La HGM est inaugurée le 8 juin 1938 par H. Göring en présence de nombreux responsables du parti. Quelques extensions y sont réalisées jusqu’en 1939. La date « 1937 » inscrite au dessus de la grande fenêtre à droite de l’entrée rappelle le début de la construction.

(Légende de la photo :) Werner Peiner et Hermann Göring le 8 juin 1938, jour de l’ouverture de l’école de peinture Hermann Göring. Le même jour, H. Göring reçoit de la commune de Kronenburg la citoyenneté d’honneur.

(Légende de la photo :) Sur des échafaudages mobiles, W. Peiner et ses élèves travaillent à des cartons de plus de dix mètres de large dans le nouvel atelier de la HGM. La photo de détail montre des élèves en train de travailler au carton du tableau « Le siège de Marienbourg en 1410 ».

À l’échelle de Kronenburg, l’école de peinture occupe un espace immense. Le gros atelier côté nord (vu de la rue Burgstraße) dispose à lui seul de grands murs de 25 mètres de longueur et 9 mètres de hauteur. Grâce à l’habile échelonnement de la hauteur du bâtiment, ce dernier réussit néanmoins à s’intégrer dans la structure du village. L’édifice est conçu par l’architecte Emil Fahrenkamp (1885-1966), un ami de W. Peiners, qui enseigne également à Düsseldorf et vit à Kronenburg.
À la HGM sont créés, sur ordre des dirigeants du parti nazi, des motifs pour les « tapis de chasse au faucon » glorifiant le combat aérien, des modèles de tapisseries comportant des représentations symboliques des cinq continents, illustrant la revendication d’hégémonie sur le monde de la part des nazis, ainsi que des ébauches d’une série de sept pièces « Les batailles du destin allemandes » (« Deutsche Schicksalsschlachten »). Les œuvres réalisées à Kronenburg servent principalement à équiper les bâtiments de représentation à Berlin : la « nouvelle chancellerie du Reich », la « maison de l’aviation » (« Haus der Flieger »), le ministère des Affaires étrangères ainsi que la forteresse nazie de Vogelsang située dans les environs.
Grâce à la revalorisation de l’école de peinture de Kronenburg en site de production d’art représentatif du nazisme, la commune de l’Eifel attire des personnalités importantes du parti. Joseph Goebbels, ministre du Reich à la Propagande y est accueilli, ainsi que le commandant en chef de la SS Heinrich Himmler, et Albert Speer. Au cours de ces années, W. Peiner devient, à côté d’Albert Speer et Arno Breker, l’artiste officiel le plus important du « Troisième Reich ».

À l’occasion de la construction de la HGM, des moyens considérables sont investis dans la modernisation du village. Les conduites d’eau, des eaux usées et l’éclairage sont remplacés, les maisons sont rénovées et les voies communales sont pavées. Les réverbères et les lanternes en fer forgé fabriqués d’après les plans de W. Peiner façonnent aujourd’hui encore l’image caractéristique de Kronenburg.
Une fois Paris regagnée par les Alliés, et la percée sur le territoire du Reich allemand se profilant, W. Peiner quitte Kronenburg en septembre 1944. Il n’y revient pas après la guerre. Sa maison privée dans l’Eifel, près de Burgbering, est achetée en 1955 par l’association Eifelverein pour servir de refuge de randonnée. Aujourd’hui, elle abrite un restaurant et un hôtel privés.
L’école de peinture Hermann Göring-Meisterschule sert depuis 1952 d’établissement d’enseignement du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il accueille actuellement l’organisme de formation continue pour les enseignants et enseignantes de commerce, une institution du ministère de Rhénanie-du-Nord-Westphalie pour l’Éducation et la Formation continue.
Depuis 1985, les bâtiments sont classés monuments historiques et figurent dans la liste des bâtiments classés de la commune de Dahlem.

(Légende de la photo :) le commandant en chef de la SS Heinrich Himmler (au centre), visite l’école de peinture de Kronenburg le 7 mai 1939. Lors de son séjour, le responsable principal de la « solution finale de la question juive » soliloque à propos d’ « art et de race ».

Légende de la photo : l’École de peinture de Werner Peiner, vue du nord.